Leur énergie était contagieuse : ils sont arrivés du port de Cantimpré au son des djembés, avec leurs drapeaux, leurs banderoles, leurs sourires, leur joie d’être ensemble : migrants, sans papiers, réfugiés, bénévoles associatifs, citoyens engagés, compagnons d’Emmaüs … A la porte de Paris, malgré la chaleur et la fatigue de ceux qui avaient marché de Saint-Quentin à Cambrai, ils ont continué à jouer, à danser, nous entraînant par leur dynamisme.
La déambulation dans les rues de Cambrai fut joyeuse, bruyante, pleine de vie, et fraternelle, les automobilistes et les passants prenant volontiers les tracts, certains criant « Bravo », d’autres serrant une main au passage.
Le slogan le plus repris : « De l’air, de l’air, ouvrons les frontières ! » rappelait, au-delà de la joie de partager ce moment de solidarité, le but de cette marche citoyenne, solidaire des migrants et des réfugiés. Partie de Vintimille, à la frontière franco-italienne , elle s’achèvera le 7 juillet à Calais, à la frontière franco-britannique : ceux qui marchent comme ceux qui les accueillent protestent contre la fermeture des frontières, contre l’atteinte au droit à la libre circulation, contre cette politique d’inhospitalité qui se met en place partout en Europe, contre le projet de camps de rétention situés en dehors de l’espace européen et destinés à trier les migrants, contre le délit de solidarité et la criminalisation de l’aide apportée par des citoyens à leurs frères en Humanité.
Une banderole rappelait l’article 13 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 :
« 1- Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un état.
2- Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays. »
Il y a eu d’ailleurs deux arrêts ; le premier à l’hôtel de ville pour que le mot « fraternité » inscrit dans la devise de la République ne soit plus un vain mot, et à la sous-préfecture pour évoquer les conséquences négatives de la loi Asile-immigration récemment votée.
Ce même jeudi 28 juin, dans La Croix, Frédéric Boyer écrivait dans sa chronique intitulée Un ange se noie :
« Mes amis, eux errent et se noient à nos portes quand notre âme noircit. Bientôt, nous ne pourrons plus nous regarder en face. Hé ho, mes amis, dois-je croire alors que cette terreur de la vie qui se bat et qui espère est le fait de notre impitoyable et mensonger instinct de protection ? Ou puis-je penser que vaincre cette peur de l’autre en lutte pour sa survie, c’est s’élever à une vie plus haute et plus digne ? […]Arrêtons de parler de nos racines chrétiennes si nous ne sommes pas capables de répondre oui à la vie qui appelle, à l’espérance. La parole chrétienne n’est pas une simple racine mais elle se cache comme une semence. » https://www.la-croix.com/Journal/ange-noie-2018-06-28-1100950759
Jeudi 28 juin, à Cambrai, la société civile, les associations, dont le CCFD –Terre solidaire, partenaire de l’événement, ont pris soin de l’autre, en vivant pleinement le repas partagé à la communauté d’Emmaüs de Fontaine-Notre-Dame, en assurant l’hébergement, en refusant que cette politique européenne se fasse en leur nom. Elles ont répondu en accueillant et en célébrant la vie.
Claudine Lanoë
Vidéos du défilé dans la ville de Cambrai
Vidéos de la fête de la solidarité à Emmaüs - Fontaine-Notre-Dame